Intégrer le colza dans la rotation des cultures présente de nombreux avantages pour l'exploitation agricole. Cet article explore les bénéfices du colza en rotation, son impact sur les rendements et les bonnes pratiques à adopter.

Les bénéfices du colza en rotation

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L'intégration du colza dans les rotations de cultures présente de nombreux avantages agronomiques et environnementaux. Cette culture oléagineuse joue un rôle clé dans la durabilité des systèmes agricoles, en apportant des bénéfices tant pour les sols que pour les cultures suivantes.

Restitution d'éléments fertilisants

Le colza est reconnu pour sa capacité à restituer des éléments fertilisants essentiels au sol après sa récolte. Les résidus de culture du colza sont riches en azote, potasse et soufre. Ces nutriments sont ainsi disponibles pour la culture suivante, réduisant les besoins en engrais minéraux. Selon les études, les quantités restituées peuvent atteindre 50 à 100 kg d'azote, 100 à 200 kg de potasse et 30 à 50 kg de soufre par hectare.

Réduction des risques de maladies et d'adventices

L'introduction du colza dans la rotation permet de rompre le cycle des maladies des céréales, en particulier le piétin-verse et les fusarioses. La décomposition des résidus de colza libère des composés toxiques pour de nombreux champignons pathogènes du sol. De plus, le colza contribue à la maîtrise des adventices grâce à son pouvoir couvrant et sa croissance rapide, limitant ainsi le développement des mauvaises herbes dans la parcelle.

Bénéfices environnementaux

Protection des sols contre l'érosion

Grâce à son cycle long, le colza couvre le sol pendant 9 à 11 mois, y compris durant l'automne et l'hiver, périodes où les risques d'érosion sont les plus élevés. Son système racinaire développé et sa couverture foliaire dense protègent efficacement les sols de l'érosion hydrique et éolienne.

Valorisation des effluents d'élevage

Le colza est capable d'absorber des quantités importantes d'azote pendant l'automne et l'hiver, jusqu'à 150 kg/ha selon le type de sol. Il valorise ainsi efficacement les effluents d'élevage épandus à cette période, réduisant les risques de lessivage des nitrates. Cela permet une meilleure gestion des effluents tout en limitant leur impact sur l'environnement. L'intégration du colza dans les rotations de cultures apporte de nombreux bénéfices, tant sur le plan agronomique qu'environnemental. Il contribue à la fertilité des sols, à la maîtrise des bioagresseurs et à la protection des ressources naturelles, tout en optimisant la gestion des intrants agricoles.

Impact sur les rendements du blé suivant

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L'impact d'une culture de colza sur les rendements du blé qui suit dans la rotation est un aspect important à prendre en compte. De nombreuses études ont été menées pour quantifier cet effet précédent et comprendre les mécanismes qui entrent en jeu.

Des gains de rendement significatifs pour le blé derrière un colza

Différentes expérimentations conduites par Terres Inovia et Arvalis-Institut du Végétal ont permis de chiffrer précisément les bénéfices d'un précédent colza sur le rendement du blé. En moyenne, on observe un gain de rendement net de 10% pour un blé tendre cultivé après un colza, par rapport à une monoculture de blé. L'effet est encore plus marqué pour le blé dur, avec une augmentation moyenne des rendements de 27% sur 4 ans d'essais. Au-delà de la quantité, la qualité de la récolte est aussi améliorée derrière un colza. Un gain de poids spécifique de 1,1 point a été mesuré, sans impact négatif sur la teneur en protéines malgré une fertilisation azotée constante.

Un sol plus favorable et une pression parasitaire réduite

Plusieurs facteurs expliquent ces meilleures performances du blé dans une rotation incluant du colza :
  • Un sol plus meuble et mieux structuré grâce au système racinaire pivotant du colza. Le blé bénéficie ainsi de meilleures conditions d'implantation et de développement.
  • Une réduction de la pression des adventices, notamment des graminées, grâce à l'alternance des modes d'action des herbicides et à l'effet coupe-faim du colza.
  • Une diminution des risques de maladies sur céréales (piétin-verse, fusarioses...) du fait de la rupture du cycle par une culture non-hôte.

Des coûts de production réduits

En plus des gains de rendement, un blé cultivé derrière un colza présente des avantages économiques et environnementaux :
  • Un travail du sol facilité et moins coûteux en énergie grâce à un sol plus meuble laissé par le colza. Des économies de carburant de 10 à 20 l/ha ont été mesurées.
  • Des charges en produits phytosanitaires réduites du fait d'une moindre pression des bioagresseurs. Le coût du désherbage peut ainsi être diminué de 15 à 30 €/ha.
Au final, le colza s'avère être un excellent précédent pour le blé, tant en conventionnel qu'en agriculture biologique. Son introduction dans la rotation permet de sécuriser les rendements et la qualité, tout en réduisant les charges. Un atout indéniable pour la performance technico-économique des systèmes de culture.

Fréquence et pratiques de rotation avec le colza

La fréquence de retour du colza dans les rotations est un paramètre clé pour optimiser les performances de cette culture tout en limitant les risques agronomiques. Les bonnes pratiques de rotation permettent de tirer pleinement parti des bénéfices du colza comme tête de rotation, notamment son effet précédent positif sur les céréales suivantes.

Quelle est la fréquence idéale de retour du colza ?

Les experts préconisent généralement un intervalle de 4 à 5 ans entre deux cultures de colza sur une même parcelle. Cette recommandation vise à prévenir l'apparition de plusieurs problèmes liés à des rotations trop courtes :
  • L'augmentation de la pression des adventices, en particulier dans les systèmes avec peu de cultures de printemps et un travail du sol simplifié
  • Le développement accru des maladies spécifiques au colza, comme la hernie des crucifères (Plasmodiophora brassicae)
  • La dégradation de la structure du sol et la baisse de fertilité

Impact de la fréquence de retour sur le colza

Des essais menés en Grande-Bretagne ont montré que plus le colza revient fréquemment dans la rotation :
  • Plus la floraison est tardive
  • Plus le système racinaire subit une diminution de poids
En cas de colza sur colza, on observe une baisse significative des rendements. Le développement végétatif est moindre dès l'automne et se prolonge au printemps, affectant principalement le nombre de siliques sur les ramifications secondaires.

Interactions avec les autres cultures de la rotation

Le choix des autres cultures dans la rotation influence aussi la réussite du colza. Par exemple, l'alternance colza-tournesol, fréquente dans le sud de la France, peut poser des problèmes sanitaires. Ces deux cultures sont sensibles au sclérotinia (Sclerotinia sclerotiorum), un champignon difficile à contrôler sur tournesol et qui contamine durablement les sols. Dans les rotations colza-betterave, une mauvaise gestion des repousses de colza peut compliquer l'implantation de la betterave. Ces repousses servent aussi d'hôte à un nématode nuisible pour la betterave. En revanche, le colza s'insère très bien entre deux céréales, permettant de couper leur cycle de développement et de réduire la pression des maladies comme le piétin-verse ou la fusariose.

Stratégies de nutrition et gestion des bioagresseurs

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Pour optimiser la culture du colza, il est essentiel de mettre en place une stratégie de nutrition adaptée et une gestion efficace des bioagresseurs. Ces deux aspects sont étroitement liés et conditionnent le rendement et la qualité de la récolte.

Les besoins nutritionnels du colza

Le colza est une culture exigeante en éléments nutritifs, en particulier en azote (N), phosphore (P) et soufre (S). Les besoins en azote varient selon le stade de développement de la plante :
  • À l'automne : 50 à 80 kg N/ha pour favoriser la croissance et l'enracinement
  • Au printemps : 120 à 160 kg N/ha, fractionnés en deux apports (début montaison et début floraison)
Le phosphore est crucial pour le développement racinaire et la résistance au froid. Les besoins sont d'environ 60 à 80 kg P2O5/ha, à apporter avant le semis. Le soufre, quant à lui, joue un rôle important dans la synthèse des protéines et la résistance aux maladies. Les apports recommandés sont de 75 à 100 kg SO3/ha, à fractionner au printemps.

Stratégies de désherbage

La gestion des adventices est primordiale pour éviter la concurrence avec le colza. Il est recommandé de combiner désherbage chimique et mécanique :
  • Désherbage de prélevée avec des herbicides racinaires (trifluraline, napropamide...)
  • Désherbage de post-levée à l'automne et au printemps (clopyralid, imazamox...)
  • Binage mécanique entre les rangs au stade 3-4 feuilles

Lutte contre les ravageurs

Les principaux ravageurs du colza sont les charançons (de la tige et des siliques) et les pucerons. Pour les charançons, il est conseillé de surveiller les parcelles dès la reprise de végétation et d'intervenir si les seuils sont dépassés (1 charançon pour 2 plantes). Les traitements insecticides à base de pyréthrinoïdes sont efficaces. Concernant les pucerons, il faut être vigilant à l'automne et au printemps. Les seuils d'intervention sont de 20% de pieds porteurs d'au moins 1 puceron. Les solutions de biocontrôle comme les huiles de colza ou l'introduction d'auxiliaires (coccinelles, chrysopes) sont à privilégier.

Protection contre les maladies

Le sclérotinia est la maladie la plus préjudiciable sur colza. Pour limiter les risques, il est recommandé de :
  • Choisir des variétés peu sensibles
  • Allonger la rotation (1 colza tous les 4 ans minimum)
  • Broyer finement et enfouir les résidus de récolte
  • Traiter au stade G1 si les conditions sont favorables (humidité et températures douces)
Les fongicides à base de boscalid, prothioconazole ou azoxystrobine sont efficaces contre le sclérotinia.

Périodes de semis optimales

La date de semis est un levier agronomique important. Un semis précoce (avant le 10 août) permet une meilleure implantation, un système racinaire plus développé et une moindre sensibilité aux ravageurs d'automne. À l'inverse, un semis tardif (après le 10 septembre) expose à des risques de levées irrégulières, de gel et d'élongation au printemps. La période optimale se situe généralement entre le 15 août et le 5 septembre, à adapter selon les régions et les types de sol.