L'agriculture rythmée par les saisons est un travail de longue haleine pour les agriculteurs. Du printemps à l'hiver, de multiples tâches se succèdent, reflétant leur dur labeur pour assurer la production alimentaire. Découvrons ces travaux essentiels tout au long de l'année.

Les travaux de printemps

Le printemps est une saison cruciale pour les agriculteurs, marquant le début d'une période d'intense activité dans les champs. C'est le moment où les terres se réveillent après l'hiver et où les travaux agricoles s'accélèrent pour préparer les futures récoltes.

Préparation des sols et semis

Dès le mois de mars, les agriculteurs s'attellent à la préparation des sols pour les semis de printemps. Le maïs, culture phare dans de nombreuses régions, nécessite un lit de semences soigneusement préparé. Certains optent pour un labour traditionnel, retournant la terre en profondeur, tandis que d'autres privilégient le semis direct, une technique plus respectueuse des sols.

En avril, c'est au tour des betteraves d'être semées. Ces dernières années, les surfaces dédiées à cette culture ont diminué en France, passant de 400 000 hectares en 2017 à 375 000 hectares en 2021. Malgré cela, la betterave reste un pilier de l'agriculture française, notamment pour la production de sucre.

Fertilisation et protection des cultures

La fertilisation est une étape clé pour assurer le bon développement des cultures. Les agriculteurs épandent des effluents d'élevage comme le lisier ou le fumier, riches en éléments nutritifs, ou ont recours à des engrais minéraux. Ces apports permettent de fournir à la plante l'azote, le phosphore et la potasse dont elle a besoin pour croître.

Dès le printemps, la lutte contre les maladies et les ravageurs s'intensifie. Les céréales et les protéagineux comme le pois sont particulièrement surveillés. Des traitements phytosanitaires ciblés sont réalisés pour protéger les cultures, en veillant à respecter les réglementations en vigueur et à limiter l'impact sur l'environnement.

Plantation des pommes de terre

Avril et mai sont les mois privilégiés pour la plantation des pommes de terre. En France, la superficie consacrée à cette culture s'élève à environ 150 000 hectares, avec une production annuelle avoisinant les 6 millions de tonnes. Les tubercules sont mis en terre à l'aide de planteuses mécanisées, permettant un travail précis et rapide.

Un travail intense pour les agriculteurs

Le printemps est une période de travail intense pour les agriculteurs. Les journées s'allongent, avec souvent plus de 12 heures de labeur quotidien. Il faut jongler entre les différentes tâches, de la préparation des sols aux semis en passant par la fertilisation et la protection des cultures. Les conditions météorologiques jouent un rôle crucial, dictant le rythme des travaux. Chaque jour compte pour assurer le bon démarrage des cultures et préparer les récoltes à venir.

Le printemps en agriculture est donc une saison d'effervescence, où chaque geste compte. C'est le moment où se jouent les fondations d'une année agricole réussie, avec l'espoir de récoltes abondantes et de qualité.

Les travaux d'été

L'été est une période charnière pour les agriculteurs, marquée par des travaux intenses dans les champs. C'est le moment crucial des moissons et de la fenaison, où chaque jour compte pour récolter les fruits d'une année de labeur.

La récolte des céréales

De mi-juillet à mi-août, les agriculteurs s'affairent à moissonner les céréales arrivées à maturité, principalement le blé et l'orge. Les épis dorés sont fauchés à l'aide de moissonneuses-batteuses modernes qui permettent de récolter, battre et stocker les grains en une seule opération. Cependant, il faut agir vite car les intempéries, comme la pluie ou la grêle, peuvent endommager les récoltes et causer des pertes importantes.

Autrefois, la moisson se faisait à la faux ou avec des moissonneuses-lieuses qui coupaient les tiges et les liaient en gerbes. Ces gerbes étaient ensuite rassemblées en meules pour sécher avant d'être battues pour séparer le grain de la paille. Aujourd'hui, les moissonneuses-batteuses ont révolutionné ce travail, permettant de traiter de grandes surfaces en un temps record.

La fenaison

En parallèle des moissons, les agriculteurs doivent aussi s'occuper de la fenaison, c'est-à-dire la récolte des foins pour nourrir le bétail pendant l'hiver. Les prairies sont fauchées une première fois en juin, puis une seconde en septembre si la météo le permet. L'herbe coupée est étalée pour sécher au soleil avant d'être ramassée et stockée sous forme de balles de foin.

Là encore, la mécanisation a grandement facilité la tâche avec des faucheuses, des faneuses pour retourner le foin, des andaineurs pour le rassembler et des presses pour le conditionner en balles. Mais la qualité du foin dépend beaucoup des conditions météo : il faut suffisamment de soleil et de vent pour un séchage optimal, sans pluie qui risquerait de le faire pourrir.

L'irrigation des cultures

L'été est souvent synonyme de chaleur et de sécheresse. Pour éviter que les cultures ne souffrent du manque d'eau, les agriculteurs doivent mettre en place des systèmes d'irrigation. Cela peut aller de l'arrosage manuel au goutte-à-goutte enterré, en passant par l'aspersion ou les pivots d'irrigation.

L'enjeu est de fournir aux plantes la juste quantité d'eau dont elles ont besoin, au bon moment, tout en préservant cette ressource précieuse. Des sondes d'humidité et des programmateurs permettent d'optimiser les apports. Mais en cas de sécheresse sévère, des restrictions peuvent être imposées par les autorités, obligeant les agriculteurs à s'adapter et à prioriser certaines cultures.

L'été est donc une course contre la montre pour les agriculteurs, qui doivent composer avec les caprices de la météo pour mener à bien les récoltes. Heureusement, ils peuvent compter sur des machines de plus en plus performantes et des techniques d'irrigation raisonnée pour relever ce défi. Mais chaque année apporte son lot de surprises et d'imprévus, faisant de l'agriculture un métier exigeant et passionnant.

Les travaux d'automne

travaux des champs selon les saisons

L'automne marque une période charnière dans le cycle agricole annuel. Les récoltes battent leur plein et les agriculteurs s'affairent dans les champs pour rentrer les fruits de leur labeur avant l'arrivée de l'hiver. C'est aussi le moment de préparer les terres pour les semis de la saison froide.

Les vendanges, un moment emblématique de l'automne

Dans les régions viticoles, les vendanges rythment le début de l'automne. Traditionnellement effectuées à la main, en famille ou entre amis, elles restent un moment de convivialité malgré la mécanisation croissante. Les machines à vendanger permettent un gain de temps précieux mais ne remplacent pas entièrement le travail manuel, notamment pour les cépages fragiles ou les terrains escarpés.

Une fois récoltés, les raisins sont rapidement acheminés vers les caves et pressoirs pour éviter l'oxydation. S'ensuit alors le long processus de vinification pour donner naissance aux crus de l'année.

Récolte des tubercules et arrachage des betteraves

L'automne est aussi la saison de la récolte des pommes de terre et de l'arrachage des betteraves. Si l'arrachage des pommes de terre reste souvent manuel dans les petites exploitations, de grandes arracheuses mécaniques sont employées dans les champs plus vastes. Les tubercules sont ensuite stockés dans des endroits frais et secs pour assurer leur conservation durant l'hiver.

L'arrachage des betteraves sucrières est quant à lui entièrement mécanisé. D'imposantes machines déterrent les racines et les décolletent avant de les charger dans des bennes. Elles seront ensuite acheminées rapidement vers les sucreries pour éviter tout début de pourrissement.

La récolte du maïs, entre méthodes traditionnelles et modernes

Le maïs arrive également à maturité à l'automne. Autrefois récolté à la main, épi par épi, il est aujourd'hui majoritairement moissonné par d'imposantes machines qui récoltent, écossent et broient les tiges en un seul passage. Le grain est ainsi directement stocké dans des remorques alors que le fourrage est laissé au champ pour un ramassage ultérieur. Certaines petites parcelles ou variétés particulières, comme le maïs doux, restent cependant récoltées manuellement. Les épis frais cueillis sont alors rapidement commercialisés ou transformés pour en préserver les saveurs.

Préparer les terres pour l'hiver

Une fois les récoltes terminées, il faut préparer les terres pour la saison froide. Le déchaumage consiste à arracher et broyer les chaumes, ces tiges de céréales restées en terre après la moisson. Cette opération limite la prolifération des mauvaises herbes et des parasites tout en favorisant la décomposition des résidus végétaux. L'épandage de fumier ou d'engrais verts (cultures semées pour être enfouies) permet d'enrichir et de structurer le sol avant l'hiver. Les labours d'automne, plus profonds, mélangent ces apports à la terre et la retournent en grosses mottes qui resteront en l'état jusqu'au printemps. Le gel et le dégel fragmenteront naturellement ces blocs, préparant un lit de semence idéal pour les cultures de l'année suivante.

Cueillettes automnales

L'automne est aussi la saison des cueillettes fruitières. Pommes, poires, noix, noisettes et châtaignes sont ramassées dans les vergers et sous-bois. Si la récolte des fruits à pépins et à coques est aujourd'hui largement mécanisée dans les exploitations professionnelles, la cueillette manuelle reste de mise pour l'autoconsommation ou les petits producteurs. Les châtaignes sont encore majoritairement ramassées à la main dans les châtaigneraies. Elles seront ensuite triées, calibrées et pour partie transformées en crème de marrons, marrons glacés ou farine. Les noix sont quant à elles le plus souvent gaulées avant d'être emondées mécaniquement.

Les travaux d'hiver

travaux des champs selon les saisons

L'hiver est une période plus calme pour les agriculteurs, mais les travaux des champs ne s'arrêtent pas pour autant. Malgré le froid et les intempéries, il y a encore de nombreuses tâches à accomplir pour préparer la prochaine saison de culture et prendre soin des animaux.

Les labours d'hiver

Suivaient les labours qui occupaient les charretiers une bonne partie de l'hiver; cela s'appelait "labourer à mars". Les charretiers dignes de ce nom s'évertuaient à tracer des sillons rectilignes et à bien « dérayer » (terminer un champ) le long d'un voisin ou d'un chemin. C'était une tâche très lente. Aujourd'hui un tracteur équipé d'une charrue moderne de 4 socs peut labourer 5 à 6 hectares par jour; à l'époque des chevaux, une bonne attelée pouvait faire 0.25 hectare. Aussi tout l'hiver, hormis les jours de grand froid, les attelées labouraient sans cesse.

Le battage des céréales

Lorsque ces froids arrivaient durs et piquants, le personnel était employé aux battages de la récolte engrangée durant la moisson. Au début du siècle, bien avant l'arrivée des batteuses, le battage des blés et des avoines se faisait à l'aide de fléaux. Sur une aire de terre battue, réservée à cet effet, les gerbes étaient déliées, étalées, puis les batteurs frappaient en cadence. Un bruit sourd accompagnait le martèlement continu dans une atmosphère de poussière incessante. On retournait la paille avec le manche du fléau pour en battre l'autre face. On secouait la paille avec une fourche en bois pour séparer le grain de la paille.

Le battage au fléau était très fatigant, il fallait le lever en moyenne trente sept lois par minute et le faire tomber chaque fois avec force (pour une journée de dix heures, le batteur frappait environ vingt deux mille coups. Il fallait huit à dix jours pour battre la récolte d'un hectare. (Une moissonneuse batteuse aujourd'hui récolte, selon l'importance de la machine, plusieurs hectares par jour).

La taille de la vigne

L'hiver est aussi la période de la taille de la vigne. C'est un travail minutieux qui consiste à couper les sarments de l'année précédente pour préparer la vigne à la saison suivante. Les viticulteurs utilisent des sécateurs pour tailler chaque pied de vigne individuellement, en suivant des techniques précises selon le cépage et le mode de conduite de la vigne (gobelet, guyot, cordon, etc). La taille permet de réguler la production, d'aérer la végétation et de faciliter les travaux ultérieurs.

Les soins aux animaux

Pendant l'hiver, les animaux d'élevage restent à l'abri dans les étables et écuries. Les éleveurs doivent s'occuper quotidiennement de les nourrir avec le foin et l'ensilage récoltés durant l'été, de les abreuver, de nettoyer leur litière et de surveiller leur état de santé. C'est aussi en hiver qu'ont lieu la plupart des vêlages, nécessitant une surveillance accrue des mères et des veaux nouveau-nés.

Dans certaines régions, les troupeaux de moutons étaient traditionnellement confiés à des bergers qui les menaient paître sur les chaumes des champs moissonnés ou dans les sous-bois. Cette pratique de transhumance hivernale permettait de nourrir les bêtes en utilisant des ressources fourragères complémentaires.

L'entretien du matériel

L'hiver est mis à profit pour effectuer la maintenance et les réparations du matériel agricole : révision des moteurs, graissage, remplacement des pièces usées, affûtage des lames et des dents, etc. C'est l'occasion de faire un inventaire de l'outillage, de ranger l'atelier et de préparer la prochaine campagne.

Autrefois, les paysans fabriquaient eux-mêmes une partie de leurs outils en bois pendant la morte-saison : manches d'outils, jougs, râteaux, brouettes... Ils réalisaient aussi des travaux d'entretien comme le curage des fossés et des mares, la remise en état des clôtures et des bâtiments.

Malgré une activité ralentie, l'hiver reste une période de labeur pour les agriculteurs, rythmée par les tâches de préparation des prochaines cultures et d'entretien de l'exploitation. Une période également propice aux veillées au coin du feu, moments de transmission des savoirs paysans de génération en génération.